Une sortie de guerre complexe
L'armistice du 11 novembre 1918 n'achève pas la guerre sur les fronts d'Orient et du Caucase où la dislocation de deux empires - ottoman et russe - provoque de nombreux soubresauts lors de la reconfiguration des frontières et des pouvoirs. La confrontation entre les forces politiques prétendant à la succession de l'Etat central, les nations en quête d'indépendance contre les héritiers des empires déchus, mais aussi en guerre entre elles pour la définition de leur territoire, et les puissances européennes en rivalité pour le partage des dépouilles et des zones d'influence, prolonge le conflit jusqu'au début des années 1920. Le traité de Sèvres (10 août 1920) qui reconnaît l'indépendance de la république d'Arménie proclamée au Caucase le 28 mai 1918, lors de l'éclatement de l'Empire tsariste, avec des frontières englobant les provinces arméniennes de l'Empire ottoman, est caduc à peine signé. L'alliance des forces kémalistes et bolchéviques, refusant aux Puissances européennes le soin de déterminer la situation régionale, aboutira à la soviétisation de l'Arménie et des autres républiques indépendantes du Caucase, comme à l'échec de la tentative d'un foyer arménien en Cilicie sous mandat français. Le traité de Lausanne (24 juillet 1923) annule celui de Sèvres, laissant peu de place dans la nouvelle Turquie républicaine aux rescapés arméniens qui s'éparpillent dans une vaste diaspora mondiale.